Pour découvrir le territoire des verreries
L'épopée du verre et du cristal dans le Massif des Vosges
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Quentin Cogitore - Fondateur Vosges qui peut !
Si le Massif des Vosges est d'abord connu pour ses belles fôrets de sapins, ses lacs de montagne et ses paysages naturels grandioses, l'histoire de son riche passé artisanal est fascinante ! Par exemple, saviez-vous que le Massif des Vosges compte parmi les plus grands sites de verrerie en France ? Cette épopée de la délicatesse commence au Moyen-Âge lorsque les artisants verriers de Bohême migrèrent vers le Massif des Vosges...
Le Massif des Vosges, une situation géographique idéale pour les verriers
L'aventure du verre et du cristal dans les Massif des Vosges est indissociable de sa situation géographique. Véritable carrefour de l'Europe, la région bénéficie à l'époque d'excellentes voies de communication naturelles comme le Rhin, la Meuse ou la Moselle. Le Massif des Vosges est aussi franchissable, à l'époque, à certains endroits au col de la Saverne au nord ou à la source de la Meurthe dans les Vosges centrales.
Par ailleurs, le duché de Lorraine connaît un développement florissant au début de la Renaissance. Avec une multitude d'autres États, ce territoire est intégré au sein du Saint-Empire romain germanique pour former un espace d'échange économique, commercial et culturel jusqu'à la Bohême à l'est et du Brabant au nord de la Suisse du sud.
Et c'est ce contexte géorgaphique et politique qui favorise les échanges de savoir-faire à l'échelle de toute l'Europe. Les premiers verriers itinérants évoluent alors dans une grande région entre la Lorraine, la Franche-Comté et la Champagne. Ils s'installent ensuite durablement au fil des générations dans les vallées du Massif des Vosges.
Des ressources naturelles en abondance
Car en plus du contexte géographique et politique favorable, les artisants verriers trouvent dans le Massif des Vosges toutes les matières premières dont ils ont besoin pour travailler !
Pour confectionner du verre, un verrier a besoin de plusieurs éléments. D'abord, il lui faut sa matière première, de la silice. Pour cela il peut compter sur les grès des Vosges, une pierre que l'on trouve en abondance dans le Massif. Il faut ensuite beaucoup de bois pour chauffer cette pierre et faire entrer le sable en fusion. Comme chacun le sait, les forêts des Vosges sont particullièrement bien fournies. Mais le sable ne fond qu'à une température supérieure à 1 700°C ! Alors pour faciliter le processus, le verrier ajoute à son mélange de la potasse. Celle-ci est facilement réalisée à partir de cendres de bruyères et de fougères que l'ont trouve là aussi aisément dans le Massif des Vosges.
Au XVe siècle, le Massif des Vosges apparaît alors comme une zone idéale pour les verriers du Saint Empire romain germanique, en particulier les maîtres verriers d'Europe centrale !
L'épopée des verreries dans le Massif des Vosges
Les premiers verriers du Massif des Vosges sont en effet originaires d’Europe centrale, plus précisément de Bohême. Aux XIIe et XIIIe siècles, ces artisans dépendent des ressources naturelles et sont donc itinérants. Ils s’installent à la lisière d’une forêt et séjournent là pour une vingtaine d’années. Certains se font aussi colporteurs de verre et sillonnent les régions voisines pour vendre les objets de leur fabrication, des gobelets, des vitres ou des bouteilles. Et une fois que les matières premières sont épuisées, la petite communauté part pour une autre vallée boisée.
Mais aux XVIIe et XVIIIe, les artisans verriers puis cristalliers deviennent sédentaires, ouvrant ainsi un véritable âge d’or. L’une des premières manufactures verrières est créée en 1629 à Meisenthal dans les Vosges du Nord.
Cette première implantation montre la voie à d’autres maîtres verriers qui s’installent dans les environs directs. C’est ainsi qu’en 1721 Jean-Georges Poncet, un verrier de Meisenthal, crée une verrerie à Goetzenbruck. Puis en 1767, la verrerie voisine de Müntzthal est reconnue “Verrerie Royale de Saint-Louis” par Louis XV. C’est d’ailleurs là qu’est découvert quelques années plus tard la composition du cristal. L’Académie royale des sciences donne à Saint-Louis l’appellation de “cristallerie”, la première de France.
Ces hauts lieux de l’art verrier sont à l’origine de profondes mutations sociales, démographiques et économiques sans précédent pour leur région ! Elles incarnent le point de départ d’un savoir-faire unique qui est toujours exercé aujourd’hui et qu’il est possible de découvrir à l’occasion d’un séjour dans le Massif des Vosges.
Les Étoiles Terrestres : trois sites à découvrir dans le Massif des Vosges
La Verrerie de Meisenthal naît en 1704. Forte de plusieurs centaines de salariés, elle produira des dizaines de millions de pièces de verre utilitaire et de gobeleterie. Entre 1867 et 1894, elle sert de laboratoire à Emile Gallé, chef de file de l’École de Nancy, qui y effectue des recherches techniques et artistiques sans précédent, conférant à Meisenthal le statut de “berceau du verre Art Nouveau”.
Après plusieurs années à l’abandon, la verrerie de Meisenthal accueille aujourd’hui le Centre International d'Art Verrier qui a pour but de préserver la mémoire technique du territoire, d’en assurer la continuité et de réinscrire la production verrière traditionnelle dans son époque. On y découvre l’atelier des souffleurs de verre qui commentent leur travail, des expositions temporaires et une boutique proposant des objets réalisés sur place, parmi lesquels les fameuses boules de Noël de Meisenthal. Ne manquez pas la Halle Verrière et sa programmation de concerts, spectacles et expositions d’Art Contemporain !
La Grande Place, Saint-Louis-lès-Bitche
Fondée en 1586 dans la vallée de Münzthal, la Manufacture Saint-Louis est la plus ancienne cristallerie de France.
La Grande Place Saint-Louis retrace l’histoire de cette manufacture à travers plus de 2 000 pièces exceptionnelles. La scénographie illustre la palette des savoir-faire qui ont forgé la réputation mondiale de la Cristallerie Saint-Louis : façonnage à chaud, décors à l’or, taille, gravure à la roue, etc. La Fondation d’entreprise Hermès y propose des expositions temporaires dédiées à la création contemporaine.
Le Musée Lalique, Wingen-sur-Moder
C’est en 1921 que René Lalique décide d’installer une nouvelle manufacture verrière à Wingen-sur-Moder en lieu et place d’un ancien site verrier. C’est dans ce village du nord de l’Alsace qu’il explore le langage du verre et du cristal à travers la création de bijoux, d’objets issus des arts de la table, des lustres, des bouchons de radiateur d’automobiles ou encore des vases. Il marque les périodes de l’Art nouveau et de l’Art Déco par son style unique et reconnaissable entre tous.
Aujourd’hui, c’est toujours à Wingen-sur-Moder que se trouve la seule cristallerie Lalique au monde. Et depuis 2011, le musée Lalique présente plus de 650 œuvres créées par René Lalique et ses successeurs. De la joaillerie au cristal actuel en passant par le verre, c’est un univers de lumière et de transparence qui est présenté au travers des objets et des dispositifs multimédias.
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En bonus : la cristallerie de Baccarat
Les verreries Sainte-Anne naissent en 1764 à l’initiative de l’évêque de Metz et d’un maître verrier de Saint-Louis. Au début du XIXe siècle, elles sont rebaptisées “Établissements de Vonêche à Baccarat” et c’est le début d’une prestigieuse ascension ! La production de cristal dans l’univers du luxe prend de l’ampleur et Baccarat se construit une solide réputation mondiale grâce à ses verres, chandeliers, vases et flacons de parfum.
Imaginé comme la demeure d’un collectionneur, le musée de Baccarat est le reflet de l’histoire légendaire de la cristallerie. Entièrement rénové en 2015, il se situe dans l’ancienne demeure des directeurs de la manufacture et présente une sélection de pièces emblématiques du patrimoine de Baccarat dans une scénographie raffinée. Un espace d’exposition est également accessible au cœur du site de production d’où le visiteur peut entendre le souffle ininterrompu des fours de la Halle située juste en face !
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